Pierre Aubé – « Les Affiches de Normandie » - 18 avril 2018
ll y a tout juste quinze ans paraissait, dans la collection Terre humaine, un ouvrage qui fit quelque bruit dans le monde de l'ethnographie, où il s'impose encore comme un ouvrage majeur. Dans « Le Souffle du mort », Dominique Sewane, aujourd'hui titulaire d'une chaire de l'Unesco, exposait les résultats, surprenants, d'une très longue enquête chez les Batammariba*. Elle guide aujourd'hui la plume de Bantéé N'Koué et Bakoukalébé Kpakou dans un précieux Koutammakou - Lieux sacrés , qu'ouvre un très beau texte de Jean Malaurie. Ces endroits, au nord du Togo et du Bénin, « Là-où-on-construit-avec-la-terre-humide », ont un statut qui nous paraîtra insolite. Loin d'être abandonnés aux convoitises humaines et au lucre, ils jouissent d'une aura très particuière. Lnvesti par une force subtile, le dibo, chaque recoin de ce monde - bosquets, sources, cascades, roches, arbres même - porte la trace des défunts toujours attentifs. Ces gens- là, témoins d'un très vieux monde, doivent rendre compte à plus haut qu’eux du bon usage d'un usufruit qui oblige. L'abus est ici dépourvu de sens commun, un affront au passé et à l’avenir . Cet hymne à la vie, accompagné de photographies très belles, mais dont le souci esthétique n'est pas premier, est une incitation puissante, impérative, à réenchanter nos mondes morts.
(Éd. Hesse. 124 pages, ill., relié).
ll y a tout juste quinze ans paraissait, dans la collection Terre humaine, un ouvrage qui fit quelque bruit dans le monde de l'ethnographie, où il s'impose encore comme un ouvrage majeur. Dans « Le Souffle du mort », Dominique Sewane, aujourd'hui titulaire d'une chaire de l'Unesco, exposait les résultats, surprenants, d'une très longue enquête chez les Batammariba*. Elle guide aujourd'hui la plume de Bantéé N'Koué et Bakoukalébé Kpakou dans un précieux Koutammakou - Lieux sacrés , qu'ouvre un très beau texte de Jean Malaurie. Ces endroits, au nord du Togo et du Bénin, « Là-où-on-construit-avec-la-terre-humide », ont un statut qui nous paraîtra insolite. Loin d'être abandonnés aux convoitises humaines et au lucre, ils jouissent d'une aura très particuière. Lnvesti par une force subtile, le dibo, chaque recoin de ce monde - bosquets, sources, cascades, roches, arbres même - porte la trace des défunts toujours attentifs. Ces gens- là, témoins d'un très vieux monde, doivent rendre compte à plus haut qu’eux du bon usage d'un usufruit qui oblige. L'abus est ici dépourvu de sens commun, un affront au passé et à l’avenir . Cet hymne à la vie, accompagné de photographies très belles, mais dont le souci esthétique n'est pas premier, est une incitation puissante, impérative, à réenchanter nos mondes morts.
(Éd. Hesse. 124 pages, ill., relié).