Numérique et écriture littéraire. Mutations des pratiques

Dir. AMarie Petitjean et Violaine Houdart-Merot



Extrait

Extrait de l'introduction

La littérature faite par tous ?

AMarie Petitjean et Violaine Houdart-Merot

Que l'on soit écrivain, étudiant, éditeur, professeur ou même simple lecteur, le rapport que l'on entretient à l'écriture se passe aujourd'hui difficilement du numérique. L'écriture web, qui prend aujourd'hui une réelle ampleur, est pourtant encore peu étudiée dans une perspective véritablement littéraire. Cet ouvrage se propose d'interroger les mutations liées à ces nouvelles pratiques du point de vue du rapport à la littérature et des processus de création littéraire, en observant non seulement la place et les enjeux du numérique dans les pratiques créatives universitaires, mais aussi les nouvelles relations qui s'instaurent entre écrivains et lecteurs et enfin le rapport des écrivains eux-mêmes au numérique.
Les usages du numérique signent en effet des cultures et des littéracies de mieux en mieux décrites, mais le plus souvent en écartant le littéraire et dans la disjonction des approches, entérinant des différences d'âges, de langues et de milieux. Une frontière supplémentaire est tracée entre le temps lent de la culture du livre papier, que l'on apprend à l'école, qui se trame dans l'esprit d'un écrivain et qui se peaufine entre les mains d'un éditeur, et le temps précipité de la culture des écrans privilégiant la communication interpersonnelle et la diffusion rapide de l'information. Dans le domaine de l'enseignement, la place du littéraire dans les écritures fractionnées et utilitaires générées par les pratiques en ligne paraît dès lors instable, voire dangereusement inexistante pour le professeur de français ou de littérature. L'intérêt pour les pratiques d'écriture littéraire en formation, qui est à la source de cet ouvrage, imposait de revoir en profondeur ces dichotomies. La posture d'enseignement demande en effet de bâtir des ponts et de substituer aux cloisonnements une logique de liaison entre les savoirs et de relation entre les acteurs. C'est cette logique de liaison qui constitue le fil directeur des contributions qui vont suivre, regroupant des perspectives trop souvent éloignées les unes des autres et qui se rejoignent autour de la question de l'écriture littéraire et des processus de création. Elles ont l'ambition de construire un propos sur l'écriture et son enseignement par les pratiques numériques créatives, qui en appelle aux prolongements réflexifs et aux expérimentations pratiques.
Que la nature de l'écriture littéraire se définisse par les usages sociaux de ses acteurs, par les disciplines convoquées pour la décrire ou par les expériences d'enseignement auxquelles elle se prête, elle cherche sa place dans le foisonnement des écrits qui caractérise notre époque de plus en plus «graphomane», selon l'expression de Jean-Claude Monod. L'écriture émancipée de la page papier rencontre l'ambition de l'écrivain en transformant ses modes d'expression et de publication, et interroge, en amont aussi bien qu'en aval, l'enseignement du littéraire, en particulier dans le cadre universitaire. C'est le cas pour les formations littéraires favorisant la pratique active de l'écriture, telles qu'elles commencent à se développer dans les cursus français contemporains. Cette perspective s'ajoute à une série de travaux' menés à l'université de Cergy-Pontoise, dont un groupe de chercheurs étudie depuis 2009 les pratiques créatives d'écriture littéraire en secteur universitaire, assure une veille scientifique et fédère des études sur les ateliers d'écriture en France et les cursus en écriture créative dans la perspective internationale. Il s'agit donc d'un champ de recherche qui se construit peu à peu en recueillant les pratiques et en associant les approches descriptives à des fins heuristiques.
 

Présentation de l'éditeur

Sous la direction de
AMarie Petitjean & Violaine Houdart-Merot

La formation par la pratique active de l'écriture, selon un parti pris de mieux en mieux défini dans le panorama français contemporain, demande à prendre en charge la question des mutations engendrées par le développement du numérique dans les secteurs de l'écriture littéraire. Fruit d'une collaboration organisée à l'université de Cergy-Pontoise par le Centre de recherche textes et francophonies (devenu AGORA), cet ouvrage croise les approches pour permettre aux lecteurs de se faire une idée la plus juste possible des pratiques effectives, ainsi que des cultures numériques (artistiques, didactiques, éditoriales...) mobilisées par les différents acteurs de ce champ en pleine évolution. Loin des déclarations d'intention, proche des analyses d'expériences, le parcours invite à considérer comment peuvent se tracer des ponts entre élèves, étudiants et écrivains, lorsqu'il est question de pratiquer la littérature sur écran.

Avec les contributions de Romain Badouard, Brigitte Chapelain, Luc Dall'Armellina, Isabelle Delatouche, Pierre-Louis Fort, Isabelle Garron, Violaine Houdart-Merot, Julien Longhi, Laurent Loty, AMarie Petitjean et Jean-Marc Quaranta.
 

Biographie de l'auteur

AMarie Petitjean est maître de conférences en langue et littérature françaises à l'université de Rouen. Ses travaux portent sur la comparaison internationale des cursus de formation à l'écriture créative et se sont développés dans le cadre du CRTF de l'université de Cergy-Pontoise. Violaine Houdart-Merot est professeure de littérature de langue française à l'université de Cergy-Pontoise. Ses recherches portent sur la culture littéraire et sa transmission, les processus de création littéraire et les littératures française et francophones contemporaines.

Lundi 25 Janvier 2016