Puisant dans un fonds mythologique païen, les auteurs français des XIIe et XIIIe siècles ont construit une poétique de la muance qui intègre une représentation chrétienne des changements de forme et de règne.
La métamorphose connaît une première adaptation avec la moralisation courtoise des récits d’Ovide ; elle est aussi considérée comme instrument d’initiation à l’amour et à la connaissance (dans les histoires de femmes-guivres et de loup-garou) et peut enfin témoigner d’une maîtrise de la nature (par exemple, à travers les enchantements féeriques et l’exploitation « scientifique » de la fontaine de jouvence).
Christianisée, la métamorphose inclut transformations diaboliques, théophanies et miracles de métamorphose. Le pouvoir de modifier l’ordre de la Création y est réservé à Dieu ; le diable ne peut qu’en produire une illusion éphémère.
Cristina Noacco est maître de conférences en Littérature médiévale à l’Université Toulouse II-Le Mirail.
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